CONTEXTE :

Le paludisme est une maladie à déclaration obligatoire aux Pays-Bas, un pays non endémique. Des infections de paludisme importées surviennent régulièrement chez les voyageurs, les migrants et les visiteurs. Les données de surveillance ont été analysées de 2008 à 2015. Les tendances des notifications parmi les groupes à risque ont été analysées à l’aide de la régression de Poisson. Pour les demandeurs d’asile, l’incidence annuelle a été calculée par région d’origine, en utilisant les statistiques nationales des demandes d’asile comme données de dénominateur. Pour les touristes, les données de dénominateur ont été utilisées à partir des statistiques de voyage pour estimer l’incidence par région de voyage jusqu’en 2012.

RÉSULTATS :

Une modeste augmentation des notifications globales de paludisme importé s’est produite en 2008-2015 (de 222 en 2008 à 344 en 2015). Notamment, en 2014 et 2015, des augmentations marquées ont été observées chez les voyageurs rendant visite à des amis et à la famille (VFR), et chez les demandeurs d’asile. Parmi toutes les infections à Plasmodium falciparum, la plupart (1254/1337 ; 93,8 %) ont été importées d’Afrique ; 1037/1337 (77,6 %) ont été importées d’Afrique centrale et occidentale. Le paludisme chez les VFR était principalement causé par une infection à P. falciparum après avoir visité le Ghana (22 %) ou le Nigeria (19 %). Le paludisme chez les demandeurs d’asile était principalement causé par une infection à Plasmodium vivax provenant de la Corne de l’Afrique. Le grand nombre de notifications chez les demandeurs d’asile résultait à la fois d’une augmentation du nombre de demandeurs d’asile et d’une augmentation frappante de l’incidence du paludisme dans ce groupe. L’incidence du paludisme chez les demandeurs d’asile de la Corne de l’Afrique variait entre 0,02 et 0,3 % en 2008-2013, mais est passée à 1,6 % en 2014 et 1,3 % en 2015. En 2008-2012, l’incidence chez les touristes visitant l’Afrique centrale et occidentale a nettement diminué.

CONCLUSIONS :

Le paludisme importé est de nouveau en hausse aux Pays-Bas, notamment depuis 2013. Cela est principalement dû à l’immigration de demandeurs d’asile de la Corne de l’Afrique. La prédominance de l’infection à P. vivax chez les demandeurs d’asile justifie la vigilance des professionnels de santé lorsqu’un migrant présente de la fièvre, car des rechutes de ce type de paludisme peuvent survenir longtemps après l’arrivée aux Pays-Bas.